Appel à la conversion pour lutter contre le
dérèglement climatique.
Notre Eglise Protestante Unie, entre synode régional de
novembre et synode national de l’Ascension, travaillera cette
année sur le défi écologique. L’urgence à lutter contre le
dérèglement climatique est devenu « une nouvelle religion ».
J’entends par là, qu’elle est aujourd’hui l’enjeu existentiel qui
doit s’imposer à tous. Le bon est celui qui entre dans cette
lutte et celui qui la refuse est anathématisé. L’église entre
donc en débat, oui mais pour dire quoi ? Peut-être pour
rappeler aux chrétiens soucieux du devenir du monde, que,
dans les écritures, le concept de base et fondamental de la
pensée judéo-chrétienne est la notion de « création ». Contre
les sociétés païennes qui identifiaient le monde et la divinité,
la pensée biblique établit une distinction qui désacralise le
monde. Le premier chapitre de la Genèse le dit de façon
poétique : le soleil et la lune ne sont plus des divinités mais
des créations de Dieu. Certains penseurs estiment même qu’il
y aurait un lien de continuité à tisser entre un monde
désacralisé et un monde abîmé. Finalement, en désacralisant
la terre, le judéo-christianisme l’aurait réduite à un bien de
consommation dont nous constaterions les effets pervers
aujourd’hui. C’est aller vite en besogne et faire fi du message
biblique qui, au contraire, dépossède l’homme d’une jouissance
anarchique de la création. Parce qu’elle vient de Dieu, parce
qu’elle est de Dieu, l’homme doit effectivement soumettre la
création, c’est à dire en prendre soin, mais pour la
transmettre. Il y a dans la Bible, toute une théologie de la
terre, qui implique la responsabilité spirituelle et morale de
celui qui l’habite. Pour faire court, la terre est vivable pour
autant que l’humain l’habite en obéissant à la volonté de Dieu.
Voilà qui peut paraître loin des enjeux actuels ; pourtant, le
défi écologique interroge spirituellement notre façon de
vivre, notre désir de consommation et d’accumulation sans fin
de richesses. En effet, les écritures décrivent ce désir en le
présentant sous les traits d’une idole qu’elles nomment Mamon
et nous demandent de nous en détourner. Le Seigneur ou
Mamon, il faut choisir ! Depuis la nuit des temps la même
question nous est posée, aujourd’hui c’est une question de vie
ou de mort. L’homme peut-il habiter la terre en refusant
toute limite à sa richesse ? Non évidemment, l’homme ne
peut-être pour lui-même sa propre fin. Lui aussi est création
de Dieu et requis par sa volonté. Changer son rapport à l’usage
du monde c’est prendre acte d’une transcendance qui nous
dépasse et nous appelle. Convertissez-vous, disait Jean-
Baptiste pour anticiper la venue du Seigneur… Ne nous faut-
il pas reprendre cette prédication ?
Pasteur Xavier Langlois
Etudes Bibliques Oecuméniques
Xavier Langlois
Pour la première fois cette année, les groupes d’études
bibliques oecuméniques de la Marne et des Ardennes suivront
un même programme qui se poursuivra sur deux ans. Nous
lirons ensemble le livre de la Genèse ; enfin, pas exactement
tout le livre, puisque nous avons commencé notre lecture à
partir du chapitre 12 qui correspond à l’appel d’Abraham.
Abraham, Isaac, Jacob, les trois patriarches du peuple
hébreu, mais aussi Joseph, l’avant-dernier fils de Jacob, dont
l’histoire est à elle seule une épopée qui annonce les
pérégrinations d’Israël. Ces récits, où le spirituel se mêle à
l’humain (et parfois même le tristement humain), nous sont,
pour certains familiers, pour d’autres à découvrir. Or, pour
les découvrir, nous nous aiderons aussi d’un commentaire paru
aux éditions Labor et Fides, sous la direction du professeur
d’Ancien Testament Thomas Römer qui a le mérite de
proposer une aide très facile à lire et riche de l’état de la
recherche actuelle sur le premier livre de la Bible. Que l’on
suive ou non ces études, je vous recommande particulièrement
la lecture de cet ouvrage.
Histoire « Mlle Robida » par Jean-Paul Willaime
Jean-Paul Willaime, docteur en sociologie, en sciences religieuses,
enseignant chercheur à l’Université de Strasbourg et à l’Ecole pratique
des hautes études, qui a aussi dirigé l’institut européen des sciences
religieuses est né à Charleville. C’est aussi avec affection et rigueur qu’il
écrit un article sur Mlle Robida qu’il a lui-même bien connue. L’article est
emprunté au journal Réforme (n°3814)
Née à Limoges le 6 juin 1918, décédée à Charleville-Mézières le 24
juillet dernier, c’est dans cette dernière ville que Geneviève Robida
fit l’essentiel de sa carrière académique et devint une figure
incontournable du protestantisme ardennais.
Professeure agrégée d’anglais, elle fut proviseure du lycée Sévigné
(établissement de jeunes filles de Charleville-Mézières), de 1957
à 1966, année où elle devint inspectrice d’académie des Ardennes.
Elle exerça cette fonction à Charleville-Mézières jusqu’en 1974
avant de terminer sa carrière dans l’Aisne en 1978. Elle fut la
première femme en France à être nommée « inspecteur d’académie
» (comme on disait à l’époque).
Geneviève Robida illustre avec beaucoup d’autres l’impor-tance de
l’engagement de protestants, et particulièrement de protestantes,
dans l’Éducation nationale.
Son centenaire en 2018 avait donné lieu à un moment convivial en
présence du maire de Charleville-Mézières, de la rectrice de
l’académie de Reims et des représentants de l’ordre des palmes
académiques (ordre dont elle était commandeur ; elle était
également chevalier de la Légion d’Honneur). Le 30 juillet dernier,
le petit temple de Charleville-Mézières était plein à craquer pour
ses «obsèques protestantes» comme disait l’Ardennais, le journal
local.
Ce que les autorités publiques savaient moins c’est que Geneviève
Robida fut très engagée dans la petite communauté réformée de
Charleville-Mézières : plusieurs fois conseillère presbytérale, elle
fit l’école du dimanche, fut prédicatrice laïque, participa à divers
synodes régionaux.
Durant des années, lors de la fête de Noël de la paroisse, les
enfants, dont je fus, attendaient avec impatience le conte de Noël
raconté par Mademoiselle Robida.
Dès son arrivée à Charleville en 1947, elle avait fondé une section
« Petites ailes » au sein de la paroisse. L’Église réformée de
Charleville-Mézières lui doit beaucoup, elle en était un pilier fidèle.
Clin d’oeil biblique par Colette Dantu
D’où vient l’expression « prêcher dans le désert » ? Pour le savoir,
à vos Bibles !
Réponse à la question précédente : « oeil pour oeil, dent pour dent
» : (Exode 21/23-25) : au Sinaï, Dieu donne à Israël, son peuple, par
l’intermédiaire de Moïse, toute une série de « paroles » qui vont
au-delà des « dix commandements » : ainsi, concernant coups et
blessures, « oeil pour oeil, dent pour dent » est censé limiter la
violence : on ne mettra pas à mort, pour se venger, celui qui aura
crevé un oeil ou cassé une dent, on lui fera subir le même sort, on
rendra coup pour coup, dans la justice et la responsabilité. Cette «
loi », qui paraît barbare à nos yeux modernes (mais qui se pratique
toujours !) constitue pourtant un réel progrès, un début de justice
par rapport à la violence systématique, arbitraire et sans limites.
Par bonheur, Jésus est ensuite venu dire : vous avez entendu qu’il
a été dit : oeil pour oeil… mais moi je vous dis : aimez-vous les uns
les autres ! Aujourd’hui, on cite cette formule pour des échanges
de mauvais procédés: « on rend la pareille », c’est « la loi du talion
» (du latin « talis » = tel, du même genre).